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Pas la bonne ville ?

Article interview - Spécialiste du sport


Publié le jeudi 02 octobre 2025
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Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Guillaume Dietsch, professeur agrégé d’éducation physique et sportive (EPS) à l’Université Paris-Est Créteil. L’auteur d’ouvrages dédiés à la pratique du sport des enfants et adolescents s’interroge sur les modèles et les imaginaires autour de la pratique sportive. En 2024, il publie “Les jeunes et le sport. Penser la société de demain” puis le 18 septembre 2025 "La France n'est pas un pays de sport ? Ce que le sport dit de notre société" 📚.

 

Comment décrire la pratique du sport par les jeunes aujourd’hui ? 🏃‍♂️🏀

Selon moi, on ne se questionne pas assez sur la pratique sportive. La jeune génération actuelle est la plus sportive qu’on n’ait jamais connue mais également la plus sédentaire. En cause : nos modes de vies, les nouvelles technologies, les temps d’écrans… 📱

C’est donc effectivement la génération la plus sportive car toutes les enquêtes montrent que les jeunes aiment le sport mais l’aiment de manière différente, sans contraintes, avec plus de plaisir, de convivialité. C’est un sport qui est devenu connecté (en suivant des influenceurs par exemple), plus communautaire. Point important : la performance arrive à la fin de la liste des motivations.

 

De quoi ont besoin les enfants dans leurs pratiques sportives ? 🤸‍♀️

Ce que l’on observe en France, c’est que dès l’enfance toute une génération va pratiquer UN seul sport unique.

En réalité, les enfants n’ont pas besoin de pratiquer un seul sport durant toute une année, ils ont besoin de découvrir, développer leur créativité… Je ne pense pas qu’il soit judicieux de leur proposer un format très tourné autour de la compétition (ce qui est aujourd’hui majoritairement le cas) ou de

C’est un vrai sujet car il est facile de constater que les enfants se lassent rapidement de tout, du sport certes mais aussi de la pratique d’un instrument. On ne pense pas forcément en fonction des besoins de l’enfant, le format est trop figé pour eux. Alors qu’il y a une vraie demande de flexibilité des enfants, mais aussi des parents. Ce qui vient sauver la désertion des jeunes, c’est le multi-sport ou “zapping sportif” ⚽🏀🏊‍♂️.

 

Le système actuel démotive donc certains enfants ? 😕

On constate effectivement un premier décrochage sportif généralement autour de 11/12 ans, qui est encore plus marqué chez les filles. On parle souvent du fait qu’il faut donner le goût pour le sport aux jeunes, le vrai problème, c’est qu’il ne faut pas le perdre.

Aujourd’hui, 15% des adolescents ont une aversion pour le sport. Ces mêmes jeunes, on les retrouve 15 / 20 ans après avec une pratique sportive intensive alors qu’ils n’ont “rien fait” pendant toutes ces années.

 

Existe-t-il des systèmes alternatifs, en France ou ailleurs ? 🌍

Oui bien sûr, des fédérations et clubs amateurs en France favorisent la performance mais sans compétition. Dans le discours classique, le sport pourrait développer l’esprit d’équipe, la solidarité, la communication, les compétences psychosociales. C’est vrai, mais à condition que l’enfant / l’adolescent vive une vraie expérience positive.

En Scandinavie et particulièrement en Norvège, j’ai pu observer un vrai projet de société autour de la mixité de genres. C’est assumé, il n’y a pas de catégorie fille-garçon. On va plus loin que les valeurs classiques du sport, c’est une vraie pratique qui permet d’apprendre à vivre ensemble, entre femmes et hommes.


Comment proposer une expérience sportive idéale, pour les enfants ? 

Je dirais qu’il faut (vraiment) prendre en compte la motivation des jeunes, s’éloigner de la compétition sportive et de la performance au global.

On peut incorporer une notion de compétition, mais avec de l’émulation, sans classement, sans se comparer aux autresRemettre le plaisir au cœur du sport avec une vraie sensation de progrès, de convivialité, sous forme de “gamification” 🎯 par exemple avec des défis et des challenges. Se focaliser sur la santé physique c’est important, mais il ne faut pas oublier la santé mentale 🧠.


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